
Par Anne-Marie Barreiro
Coach professionnelle, formatrice et auteure — spécialisée en communication et en évolution professionnelle des femmes actives
L’égalité en discours… et en réalité
Depuis plus de 10 ans, j’écoute le vécu des femmes au travail : leur engagement, leurs freins, leurs réalisations significatives.
Longtemps, j’ai pensé que l’égalité professionnelle était un long fleuve tranquille, qui avançait lentement mais sûrement.
La réalité m’a révélé que le monde du travail fonctionne encore en 2025, selon des logiques anciennes. Il conserve, parfois sans en avoir conscience, les privilèges d’un modèle -masculin- qui s’auto-entretient. On appelle cela l’homéostasie du système, cette force qui cherche à maintenir l’équilibre établi, même lorsqu’il est injuste. Les raisons évoquées ? « c’est comme ça » et « on n’a pas le temps » quand ce ne sont pas des soupirs ou des yeux levés au ciel.
Alors oui, le système résiste. Pourtant de l’intérieur, ils sont nombreux et nombreuses à vouloir questionner, demander des chiffres, parler d’équité en CODIR ou à la machine à café.
Car oser prendre la parole sur ce sujet c’est déjà faire bouger les lignes. Chaque question ouvre une brèche dans le statu quo, chaque conversation crée un espace de conscience nouvelle.
Les femmes, les hommes et le réel
Dans mon enquête menée en 2022, 39 % des femmes actives interrogées se disaient en stagnation professionnelle, 61 % mentionnaient le manque d’affirmation comme frein principal, et 80 % plaçaient la communication au cœur de leur évolution.
Ces chiffres traduisent une envie d’agir, pas de se plaindre. Les femmes aspirent à participer pleinement, sans devoir redoubler d’efforts pour être simplement reconnues.
Mais cette transformation concerne aussi les hommes, souvent pris, eux, dans une autre forme de pression : celle de devoir performer.
Ce que j’ai compris, c’est l’inégalité qui créé un déséquilibre dans les comportements, ce qui entraine un repli sur soi et renforce l’homéostasie.
Or, quand l’égalité avance, les deux pôles se rééquilibrent. Et l’organisation s’ouvre à un fonctionnement plus fluide et coopératif.
La clé : une communication qui transforme le système figé
L’approche communicationnelle et systémique que je transmets repose sur le principe de la compréhension du système en place et des relations entretenues.
Ainsi, au lieu d’attaquer les personnes ou d’alimenter les antagonismes et autres clivages, on observe les interactions, les règles implicites, les normes sociales, les croyances collectives qui nourrissent l’injustice.
Et face à la moquerie qui survient inévitablement, au soupir, au fameux « Encore une histoire de féministes ! », voici une clé que vous pourriez utiliser, dans votre activité professionnelle, pour aborder facilement le sujet de l’égalité professionnelle :
« Je comprends que ce sujet puisse déranger… mais s’il dérange, c’est qu’il touche à quelque chose d’important. Parlons-en car cela concerne tout le monde, et c’est une invitation à mieux se comprendre, faire tomber la discrimination et alerter sur les VSS »
Ce type de phrase désamorce la résistance, restaure la dignité de l’échange et ouvre un terrain de coopération.
Identifier et promouvoir les principes de l’égalité professionnelle
Dans la fonction publique comme ailleurs, l’égalité ne se décrète pas : elle se construit pas à pas, par des décisions, des comportements et des choix symboliques.
Identifier les principes de l’égalité professionnelle, c’est d’abord rendre visible ce qui ne l’est pas : les écarts de carrière, les biais de langage, les rituels implicites d’exclusion.
Mais c’est aussi promouvoir activement les modèles inspirants, les initiatives locales, les managers et manageuses qui incarnent la coopération plutôt que la compétition.
Mettre en œuvre des actions concrètes, c’est par exemple repenser la répartition des missions, valoriser les contributions invisibles, instaurer des espaces de parole et d’écoute partagée.
En communication, chaque micro-action devient un levier systémique, un changement dans les conduites et les comportements figés.
Prévenir, reconnaître et intervenir face au harcèlement
Même si le sujet est de plus en plus reconnu dans les organisations, oser parler de harcèlement au travail, c’est lever le voile sur des violences silencieuses : sarcasmes répétés, isolement, surcontrôle, infantilisation, pressions déguisées.
Ces comportements enracinés dans un système homéostasique et socio culturel perdurent parce que beaucoup ne savent pas comment faire autrement, ou manquent de conscience, d’ouverture d’esprit.
Reconnaître et prévenir le harcèlement, c’est favoriser la prise de conscience des processus d’influence, avant d’instaurer une culture du respect relationnel.
Cela passe par la formation des encadrants, la vigilance des pairs et la possibilité pour chacun d’exprimer un malaise sans crainte de représailles.
Là encore, l’approche communicationnelle devient un outil de prévention : nommer les faits sans juger la personne, poser les limites, cadrer, debriefer, chercher à comprendre avant de sanctionner…
Lutter contre les violences sexistes et sexuelles : restaurer la sécurité relationnelle
Dans cette enquête et avec mon expérience professionnelle, j’en ai déduit qu’aucun groupe ni équipe ne peut prospérer, s’il y a des non-dits de peur ou de honte. Se taire devient un obstacle sur le chemin de la coopération, et donc de l’efficacité, in fine.
Prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est adopter des comportements et des pratiques qui redonnent confiance dans le lien social. C’est apprendre à observer les signaux faibles, à intervenir en témoin actif, à réaffirmer les règles communes d’un environnement de travail sûr, digne et respectueux.
Un climat relationnel apaisé nait d’abord de la compréhension du système, de la prise de conscience, de l’altérité.
Et ensuite du courage : celui de dire « stop » avec fermeté, et « je t’écoute » avec sincérité.
Revenir à l’équilibre
L’approche communicationnelle permet de comprendre les dynamiques invisibles. Les entreprises les plus inspirantes sont celles qui ont compris que l’égalité n’est pas une contrainte RH, mais un levier de cohésion et d’intelligence collective.
Changer les règles du jeu dans son organisation, c’est restaurer l’équilibre et réintroduire l’écoute et la coopération dans des systèmes figés.
Comment faire ?
Commencez par lancer par une conversation. Et cette conversation, vous pouvez la nourrir dès aujourd’hui.
Je vous invite d’ailleurs à lire sur mon blog la nouvelle « Manon l’invisible » : une histoire de femme effacée que la parole rend enfin visible.
Envie d’ouvrir ce dialogue dans votre organisation ?
Je propose des journées de formation sur l’égalité professionnelle et la communication équilibrée,
pour aider les équipes à comprendre les dynamiques de genre, repenser la coopération et construire une culture relationnelle saine.
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(Enquête disponible sur demande à info@ambcoaching.com)